12 février 2025

La place Jean-Jacques Rousseau racontée par ses habitants #5.3

« En sortie familiale, mon père nous emmenait le dimanche avec mon frère prendre le train (la micheline !) à 5 heures du matin pour aller à la pêche à Cize-Bolozon; ma mère nous rejoignait par la micheline en fin de matinée et on profitait d’un pique-nique en famille. Plus tard, à 14-15 ans, mon frère et moi, nous étions placés séparément dans des fermes, dans des campagnes lointaines, pendant les vacances d’été, pour travailler et gagner un peu d’argent et acheter ce qui nous était utile. Moralement, c’était très dur d’être séparés de nos copains qui ne subissaient pas le même sort, place Jean-Jacques Rousseau.

Les paysans étaient rudes, nos journées étaient bien remplies et pénibles pour notre âge. j’ai le souvenirs de mon frère qui avait fugué car il ne supportait pas cette situation de placement. Adolescent, je rejoignais les copains au bar de la rue Charles Robin ou au Barbichat (Rue bichat) pour partager un billard ou un baby-foot et écouter les succès du moment au juke-box. On allait à la piscine municipale, au cinéma, à pied et en bande, on en profitait pleinement. Puis je fréquentais avec la bande de copains les bals à l’extérieur, où l’on retrouvait les filles du quartier. Pour les protéger, Gégène les conduisait et les ramenait avec son estafette. Le samedi soir, on n’avait que l’embarras du choix tellement l’offre de bals était grande mais on y rencontrait des bandes rivales qui venaient provoquer des bagarres. Je n’ai pas souvenir que nous, jeunes à notre époque, nous consommions de la drogue ou de l’alcool.

J’utilisais comme les copains le langage propre aux jeunes (mélange de patois alsacien, allemand, manouche) pour communiquer entre nous sans être compris des adultes. Un de mes meilleurs souvenirs était d’assister au circuit de motos des Vennes, qui se déroulait chaque année au mois de mai de 1953 à 1975 et qui attirait énormément de monde, ça me passionnait. Je crois bien d’ailleurs avoir même manqué parfois l’école le samedi matin pour profiter du spectacle d’essais avant le grand jour …

J’ai été témoin de la préparation du hérisson qui était chassé la nuit, tué et consommé dans certaines familles dans les années 1970. Une fois mort, pour le dépecer, il était gonflé à l’aide d’une pompe à vélo pour détendre la peau et ensuite ôter les piquants. J’ai eu l’occasion de goûter et d’apprécier la chair assez fine de cet animal pourtant rebutant. J’ai gardé le souvenir d’avoir vécu aux Vennes une jeunesse riche en relations et remplie de bons souvenirs d’une vie en communauté solidaire. En résumé, une jeunesse insouciante, heureuse et libre car nos parents n’étaient pas en souci d’un problème d’insécurité quelconque qui aurait pu survenir,même si tout le quartier des Vennes était surnommé ʺCHICAGOʺ.

Merci à JP et à ses copains, les sexagénaires des Vennes.

Une réflexion sur « La place Jean-Jacques Rousseau racontée par ses habitants #5.3 »

  1. Jolie page sur le passé empreint de nostalgie et de bons souvenirs. Cela m’a fait resurgir des images de mon enfance et de mon adolescence qui ne s’est pas passée aux Vennes mais à Roubaix. Finalement notre jeunesse a été vécue de la même façon partout en France.

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